La Berraye, le 22 octobre 2014
Cher Enavance,
Voilà déjà quelques temps que je pense à empoigner mon clavier pour t’adresser ces quelques mots… Le temps battu et la paresse combattue, c’est donc le moment ! Je me suis engagé à le faire chaque mois ; un moyen pour moi de garder le contact car nos rencontres sont rares !
De Rome au Mont Saint-Michel, il n’y a qu’un pas en passant par le Ciel ! Déjà deux mois que nous avons quitté les chemins ultramontains et la Ville Eternelle. Deux mois déjà… Deux mois pendant lesquels les souvenirs et les images, les films et les photos ne cessent de provoquer dans mon cœur une action de grâce incessante.
Action de grâce pour les cadeaux que tu m’as si gentiment offerts ; action de grâce pour cet esprit qui te caractérise et qui mêle piété et impertinence légendaire, soif d’apprendre et soif tout court, amitié fidèle et simplicité ; action de grâce pour le travail de la grâce dans nos cœurs, action de grâce pour les efforts accomplis mais aussi pour ceux qui restent à faire ! Et il reste du travail !!
Ton voyage n’est pas une fin en soi, c’est un début, un recommencement, un élan pour la suite de ta vie. Que s’est-il passé depuis ces deux mois ? Est-ce que ton cœur est resté un peu là-bas ou bien a-t-il décroché de la Rome Éternelle une fois tes valises posées ?
La vie spirituelle n’est pas un long fleuve tranquille… Nous avons repris notre rythme estudiantin ou professionnel, nous sommes revenus dans le monde dont l’esprit, il faut bien le reconnaitre, est bien différent de celui qui nous a accompagné à la fin du mois d’août. Alors une question, une petite question… Au cœur de ta vie quotidienne, à qui as-tu donné la première place ? Tu me vois venir avec mes gros sabots mais cette question est la principale qui me vient à l’esprit. Toutes les autres en découlent. J’aurais pu commencer par un « ça va ? » ou « comment ça se passe ? ». Questions banales appelant trop souvent des réponses banales, envoyées sans trop réfléchir pour se libérer au plus vite d’une formalité sociale ; pour autant, je serais très heureux d’avoir de tes nouvelles ! Mais à la question que je te pose, je n’attends pas forcément de réponse… C’est ta question et c’est ta réponse. C’est entre Lui et toi.
Il faut du courage pour y répondre et y répondre vraiment ! Parce que nous ne pouvons pas manquer de constater nos limites, nos faiblesses et nos incapacités à tenir fermes les résolutions prises, à maintenir nos efforts d’une manière constante. En tout cas pour moi, c’est le cas !
Si tu tiens bon, Deo gratias ! Maintiens le cap, poursuis la route en prenant bien garde à tes chevilles… Souviens-toi que tes victoires sont celles de la grâce, donc celle du Seigneur Lui-même.
Si le curseur s’est déplacé du Ciel vers la terre alors, il faut réagir ! Sans s’inquiéter outre mesure, il te faut reprendre la main sur ta vie ! Ou plutôt, il faut laisser au Maître le soin de guider ta barque. Accepte de perdre le contrôle sur tout et reprends la route ; la seule route digne de ce nom, la route qui mène droit vers le Christ, le seul qui te rendras heureux. Dans quelques jours, nous nous retrouverons sur les chemins du Mont Saint-Michel. Nous rendrons grâce ensemble et nous corrigerons le tir ensemble. Si tu ne peux pas venir, nous t’emmènerons avec nous : nous prierons pour toi et toi, tu prieras pour nous. Trouve un moment dans ton week-end, pose-toi et prie…
Mais si tu peux venir, si tu n’as pas vraiment de raison de rester chez toi, alors viens ! Je me lèverai et j’irai vers mon Père (Lc 15-18) : Lève-toi et viens marcher. Souviens-toi de ce que tu viens y faire. Dès maintenant, mets-toi dans l’ambiance et dans l’esprit. Laisse l’esprit du monde au monde, laisse la mondanité aux mondains, laisse la tiédeur aux tièdes et Haut les Cœurs ! Laisse ton téléphone au fond de ton sac, prends soin des autres plus que de toi et allons-y… Viens tel que tu es avec seulement la volonté de mieux faire et de grandir.
Ce pèlerinage tombe au bon moment : deux mois après Rome, deux mois avant Noël… Profitons-en !
Dans la joie de te revoir vendredi (ou plus tard), je t’assure de ma prière à toutes tes intentions !
A Jésus par Marie,
Abjar+